Quelles sont les caractéristiques qui distinguent un bijou ancien d’un bijou vintage
Avant même de savoir comment choisir des bijoux anciens, il faut pouvoir les distinguer, par leur style, leur date de fabrication, les métaux et pierres qui les composent, les maisons qui les ont conçus et signés, etc. Cette tâche ne se révèle pas toujours aisée, requérant souvent l’œil expert d’un joaillier.
En revanche, il est à la portée de tous, quelque peu connaisseurs, de faire la différence entre un bijou ancien et un bijou vintage. Parfois utilisés comme synonymes par les néophytes, ces deux termes font référence à des styles, des périodes et des méthodes bien distincts, qui ne tiennent pas la comparaison. Toujours est-il que nous pouvons vous aider à reconnaître l’un et l’autre, pour vous offrir un véritable bijou ancien empli d’histoire ou vous laisser séduire par une pièce vintage qui vous ramène quelques décennies en arrière.
L’époque de fabrication comme critère principal de distinction
Si les bracelets, bagues, boucles d’oreilles, broches et colliers vintage et anciens sont toujours des pièces d’occasion, bien des critères les différencient. À commencer par le siècle, voire la décennie, qui les a vu naître. Les bijoux datés historiquement par des experts ou comportant des poinçons peuvent ainsi être clairement classés dans l’une ou l’autre de ces deux catégories.
Les bijoux anciens, du siècle des Lumières aux années 50
De manière approximative, les pièces anciennes sont qualifiées comme telles lorsqu’elles ont plus de 100 ans, et qu’elles nous viennent donc des années 1920 ou antérieures. Mais cette définition ne saurait faire honneur aux bijoux de toute la première partie du XXe siècle, que l’on peut bel et bien tous qualifier d’anciens. Les professionnels de la joaillerie sont d’ailleurs unanimes sur ce sujet : un bijou ancien date en réalité d’avant 1960 environ.
Pour un bijou qui nous vient des peuples incas, égyptiens ou encore romains, on parlera plutôt d’une pièce antique. Mais dès les XVIIe et XVIIIe siècles, l’art de la joaillerie prend un autre tournant, notamment en France, avec la découverte de nouvelles gemmes et le développement de nouvelles techniques de taille. Les bijoux que l’on qualifie aujourd’hui d’anciens nous viennent donc de périodes de l’Histoire allant de l’âge faste des rois français, en passant par l’époque Empire, puis la Belle Époque et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Les bijoux vintage, de 1960 à la fin du XXe
Si l’on ne peut plus parler de bijoux anciens pour les pièces fabriquées à partir des décennies 1950 et 1960, on arrive ici à l’époque des bijoux que l’on qualifie de « vintage ». De la Seconde Guerre mondiale aux années 90, les bijoux d’occasion de joailliers sont alors d’époque vintage. Une confusion règne toutefois auprès des néophytes, car le « vintage » est un terme galvaudé, faisant parfois simplement référence à un style, plus qu’à une époque. Le véritable bijou vintage n’est donc pas celui qui imite la fantaisie de la décennie 60, le motif Alhambra de Van Cleef & Arpels largement porté dans les années 70 ou encore les parures imposantes de la mode des années 80, mais bel et bien un bijou daté de ces décennies pas si lointaines, mais toutes plus riches les unes que les autres en termes de créativité.
Des styles de bijoux propres à chaque période de l’art joaillier
La somptuosité et le raffinement des bijoux anciens ont inspiré les créateurs de la deuxième partie du XXe siècle et continuent d’alimenter l’imaginaire des créateurs contemporains. Pourtant, on distingue les bijoux anciens des bijoux vintage par leur style caractéristique.
On ne saurait par exemple parler de ces bagues, parures et autres bijoux anciens sans évoquer quelques périodes stylistiques phares :
- l’Art nouveau et ses courbes ainsi que ses inspirations végétales et animales, ayant vu naître des broches animales, des pendentifs aux formes organiques, des boucles d’oreilles florales, etc. ;
- l’Art déco et ses lignes et formes plus géométriques, où l’on fait le choix d’un style épuré et d’utiliser des métaux blancs et des pierres fines et précieuses calibrées ;
- les bijoux Tank, caractéristiques des années 40 et portant le poids de cette période de l’Histoire marquée par la guerre, faisant la part belle à la bague massive et au bracelet inspiré de formes industrielles, et durant laquelle le collier est relégué au second plan.
Quant à l’art et à la mode vintage, ils se distinguent par d’autres marqueurs, ayant évolué au fil des décennies, des inspirations créatrices des grandes maisons et des envies des femmes :
- durant les sixties, on ose le bracelet, le collier, la broche ou la bague original·e, que l’on arbore parfois avec exubérance, où les couleurs sont de mise ;
- la décennie 70 suit cette lignée de l’extravagance, avec une inspiration plus marquée par les motifs ethniques, animaux et végétaux ;
- lors de la période 1980-1990, l’or jaune se retrouve sur les podiums et habille les femmes, les gros maillons trouvent leur place sur les bracelets de montres hommes, mais on y voit aussi le retour des perles, comme celles qui ornaient les célèbres colliers de Lady Di.
Les techniques de joaillerie et les matériaux utilisés, des éléments différenciants du vintage et de l’ancien
Autant que le style, ce sont aussi les méthodes, les métaux et les pierres utilisés en joaillerie qui permettent de faire la différence entre un bijou ancien et un bijou vintage. On ne verra que très peu de perles fines sur des bijoux des XVIIIe et XIXe siècles, époque où la culture des perles n’existait pas, ce qui en fait des pièces très recherchées. Par contre, il sera moins rare d’y voir l’utilisation du platine, ce « petit argent » adoré des rois de la Cour de France et considéré comme l’un des métaux les plus précieux alors.
On ne trouvera presque que des pierres synthétiques serties sur les bijoux des décennies Tank, période où l’extraction de pierres précieuses n’avait rien d’une priorité. On ne pourra s’émerveiller du Serti Mystérieux qu’à partir des années 30, moment où Van Cleef & Arpels brevète cette technique hautement raffinée de sertissage. On verra dans les bijoux de l’époque Empire des marqueurs caractéristiques comme l’usage du diamant, du corail, du camée et de l’ambre.
Autant d’indices qui permettent de déceler la qualité et l’authenticité d’un bijou ancien lors d’une expertise ou d’un achat.
On trouvera toutefois des bijoux vintage fabriqués selon des techniques similaires à celles des bijoux anciens. Les mains expertes des joailliers et la transmission du savoir-faire nous permettent aujourd’hui de disposer de bagues, de boucles d’oreilles, de broches, etc. exceptionnelles nous venant des années 60, 70 et 80. Reste que les pièces iconiques du siècle dernier, ou un peu plus anciennes, sont attribuées à des créateurs incontournables de ces périodes, tels que René Lalique, Suzanne Belperron, René Boivin, la famille Fouquet, et tant d’autres encore. Mais la recherche à tout prix d’une signature d’une maison ou d’un créateur ne doit pas être la quête du Graal. En effet, les bijoux venant d’un temps ancien ne comportent pas toujours de signatures, si beaux et prestigieux qu’ils soient, car les signatures n’étaient pas monnaie courante à ces époques.
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