Les pierres précieuses en joaillerie : leur histoire au fil des périodes stylistiques
Les matières et pierres qui composent les bijoux anciens étonnent par leur diversité. Parmi elles, les pierres précieuses sont des indémodables, qui ont toujours séduit par leur éclat, leurs couleurs, leur rareté. Au fil des découvertes de gisements, des tendances et des évolutions sociales, elles ont été utilisées de mille et une façons. Mais, quelle que soit l’époque, on les retrouvait au cou, au bras et aux doigts des plus grands de ce monde, avant que ces bijoux ne deviennent un peu plus accessibles au commun des mortels.
Il n’en reste pas moins que ces pierres, dites précieuses, conservent leur statut de gemmes raffinées, luxueuses et élégantes, et qu’elles le sont d’autant plus lorsqu’elles sont serties sur des bijoux anciens, sur lesquels elles revêtent dans le même temps une dimension historique.
Les pierres précieuses, des trésors utilisés depuis toujours pour la confection de bijoux
Dès l’Antiquité, les pierres précieuses avaient une place d’honneur dans les collections de bijoux. Égypte, Rome Antique, peuple Inca, Perse, Inde : presque partout dans le monde, on trouvait des émeraudes, des saphirs, des rubis et des diamants ornant les bijoux. Ces pierres précieuses étaient déjà serties, bien que les techniques de sertissage ne furent alors pas les mêmes et qu’elles évoluèrent au fil des siècles. À cette époque, les pierres précieuses revêtaient également une autre fonction que l’ornement. On voyait en elles des symboles de courage, de force, de pouvoir, de sagesse, de pureté, etc.
Traversant le temps, les 4 pierres précieuses sont restées des gemmes privilégiées pour réaliser des bijoux. Au Moyen-Age, elles étaient réservées à la confection de bijoux royaux, car elles étaient particulièrement rares et toujours des signes de pouvoir et de richesse. Ce n’est qu’à partir du 16ᵉ siècle que ces pierres exceptionnelles ont connu un réel essor et ont commencé à orner de plus en plus de bijoux. Cela tient notamment au désir de conquête des pays européens, qui, traversant le monde, ont découvert de nouveaux gisements. : gisements d’émeraudes en Colombie, puis mines de diamants au Brésil et en Afrique du Sud, importation de rubis depuis la Birmanie, etc.
Pourtant, malgré leur qualité exceptionnelle et leur beauté incomparable, les gemmes précieuses ont connu des périodes de déclin, sans jamais réellement disparaître du monde de la joaillerie. Face à des baisses d’approvisionnement, des guerres mondiales et de nouvelles tendances, elles ont parfois été remplacées par d’autres gemmes. Ce fut notamment le cas durant les années 40, où les difficultés d’approvisionnement ont fait la part belle aux pierres synthétiques. Quelques bracelets étaient toutefois sertis de diamants, de rubis et de saphirs, mais ces pierres étaient plus petites et plus discrètes qu’à l’accoutumée.
Les différentes pierres précieuses dans l’histoire de la joaillerie
Pour ne pas vous y méprendre, rappelons qu’une pierre précieuse n’est pas seulement une jolie pierre, rare et coûteuse. La classification officielle nous rappelle que seuls le diamant, l’émeraude, le rubis et le saphir peuvent être considérés comme tels. Et chaque pierre précieuse a ses spécificités et sa propre histoire dans l’univers artistique et technique de la joaillerie.
Le diamant, le Graal de la bijouterie
Le diamant a toujours fasciné, par sa splendeur et par sa résistance à toute épreuve. On le retrouve sur de nombreux bijoux anciens, car il n’a jamais cessé d’être utilisé pour sertir diadèmes, bagues, bracelets, colliers et autres accessoires. C’est à partir du début du 18ᵉ siècle que les joailliers en font une pierre de prédilection, grâce à la découverte de gisements brésiliens, en 1725. Une véritable ruée aux diamants se joue alors, avant que les prix ne s’envolent, puis que le diamant redevienne plus accessible avec les premières découvertes en Afrique du Sud.
Après avoir été serti sur le célèbre « nœud à la Sévigné » au cours des 17e et 18e siècles, le diamant commence alors à orner tous types de bijoux, aujourd’hui anciens. Il revêtait les boîtes à portrait de Louis XIV, les bracelets et broches à la mode sous le Second Empire, les bagues de la Belle Époque (alors souvent associé au platine ou à l’argent), les boucles d’oreilles Art déco, etc. Jusqu’à la fin des années 50, là où l’on peut dater la fin des bijoux qualifiés « d’anciens », le diamant a donc été une pierre précieuse phare.
L’émeraude, le charme d’un vert puissant et unique
L’émeraude, avec ses teintes vertes si particulières, orne de plus en plus de bijoux à partir du 16ᵉ siècle. Les découvertes de gisements en Colombie au milieu du siècle le justifient. Les joailliers s’attelèrent alors à tailler l’émeraude en ovale ou en poire, confectionnant des colliers, des diadèmes, des broches, etc. En témoigne par exemple le fameux diadème de Marie-Thérèse de France, duchesse d’Angoulême, serti d’émeraudes et de diamants. Mais l’émeraude n’a pas uniquement séduit les couronnes françaises et britanniques. Au 20 ᵉ siècle, des princes indiens se tournent vers l’expertise de la joaillerie parisienne pour remonter des pierres précieuses, dont des émeraudes.
Comme les autres pierres précieuses, l’émeraude fut tout de même moins utilisée pour la confection de bijoux d’Art nouveau et durant la Seconde Guerre mondiale.
Le saphir, la gemme intemporelle la plus répandue
Le saphir, plus abondant que n’importe quelle autre gemme précieuse, a connu des périodes de gloire depuis le Moyen-Age, habillant les bijoux des têtes couronnées. Alors que l’on privilégiait beaucoup les perles, les métaux et les pierres fines en ces temps de l’histoire, le saphir tenait en effet une place prépondérante. Il fut notamment taillé en pain de sucre pour sertir un pendentif porté par Charlemagne : le Talisman de Charlemagne. En Angleterre, comme en France, il prit place dans la joaillerie royale, ornant la couronne impériale d’Édouard le Confesseur.
Le saphir, au 13 ᵉ siècle, fut même la pierre précieuse symbole de l’Église, car choisie pour sertir les bagues des cardinaux. De cette période, elle tient son surnom de « Pierre de Papes ». Plus tard, on retrouva le saphir sur les boucles d’oreilles du Premier Empire, les bracelets Art déco, les bagues de la Belle Époque, etc.
Le rubis, une pierre symbolique autant que précieuse
Le rubis n’a rien à envier aux autres gemmes précieuses, avec ses tons rouges si prisés, symbolisant l’amour, la passion, mais aussi le courage et la prospérité. Il a toujours eu une signification toute particulière dans la culture hindoue, qui n’a pas manqué de sertir des rubis de toutes sortes sur des bijoux. Les principaux gisements se situent d’ailleurs en Birmanie, en Thaïlande, au Sri Lanka et au Cambodge.
En Europe, on le voit sertir les bijoux des rois et des princes dès le Moyen-Age, pour qui il est synonyme de puissance, mais représente aussi le sang du Christ. En 1347, cette pierre se retrouve aux côtés de saphirs, d’émeraudes, de perles et de spinelles pour former la couronne de Saint Venceslas, qui se cache aujourd’hui en République tchèque. Un exemplaire tout particulier, par sa couleur « sang de pigeon » tant convoitée, fut serti au 18 ᵉ siècle sur une bague, sculpté selon l’art du camée pour représenter Madame de Montespan. Et tout au long de l’histoire du bijou, le rubis conserve son attrait et s’adapte aux changements de styles et aux nouvelles techniques de taille et de sertissage, pour orner les plus beaux bijoux anciens.
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